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Accommodements raisonnables

Pourquoi le malaise persiste-t-il?

Vues de l'extérieur

Patrick Beauduin est vice-président principal (créativité) chez Cossette. Enseignant au programme de deuxième cycle en communication appliquée, il s'intéresse aux grandes tendances sociales. À son avis, plusieurs facteurs rendent le débat particulièrement complexe. D'abord, le flou évoqué plus haut – un flou qui a fini par donner une image négative aux accommodements. À cette image négative s'en est collée une autre : la position de l'intellectuel déconnecté de la réalité qui juge en rupture avec le « gros bon sens » de la population. Cette image négative de l'intellectuel est rampante dans la culture québécoise; on la retrouve en publicité, notamment. Mais dans le débat sur les accommodements, elle a jeté de l'huile sur le feu. Finalement, en voulant aborder le thème de l'identité, le débat a quelque peu dérapé sur la société d'immigration. L'identité d'un peuple ne se prédéfinit pas, c'est un processus de maillage culturel qui se construit sur des siècles explique-t-il.

Le processus d'intégration se vit quotidiennement dans les écoles. Diplômée de la Faculté d'éducation, Louise Chénard en sait quelque chose : elle a dirigé pendant sept ans l'une des écoles secondaires les plus multi-cul-turelles du Québec, à Ville Saint-Laurent. Pour elle, il faut définir des balises claires : aucun de ses élèves n'a jamais obtenu de dérogation au régime pédagogique. Mais on ne devrait pas avoir peur de l'autre, dont on a besoin pour faire face à la mondialisation. Elle craint que l'attitude négative de certains Québécois à l'égard des immigrants pousse ces derniers à aller voir ailleurs. « En quelques mois, un jeune immigrant devient un Nord-Américain, dit-elle. Mais deviendra-t-il un Québécois? C'est à nous de décider. »